Le Mandat

Qu’est-ce que c’est, un « mandat » ? — c’est le droit de vie et de mort dans la nouvelle
société heureuse qui est en train de se construire sur les ruines de l’ancienne, et sur le dos des
gens qui ont eu le malheur d’être vivants avant qu’elle ne commence… c’est une carte de
membre du Parti communiste.

Nous sommes en Russie, sept ans après la chute du tsar. Deux familles tentent de conserver par tous les moyens leur place dans une société en pleine muta-tion. Dans une famille de petits-bourgeois, Les Goulatchkine, obligée, comme tout un chacun, de « louvoyer » pour survivre un tant soit peu, on marie, tant bien que mal, Varvara, la fille. Et le papa du fiancé exige une dot. Il ne veut pas d’argent : il veut un communiste…
Le communiste, c’est beaucoup plus sûr que l’argent. Mais… comment faire ? Un communiste, ça ne se trouve pas sous les pas d’un cheval…

 

Sur le mode burlesque, Nicolaï Erdman fustige les deux régimes et dénonce la terreur à laquelle son pays est soumis. Il y a cent ans, la pièce était créée par Meyerhold à Moscou. Succès public immédiat mais trop subversif pour le régime de l’époque !

 

LE MANDAT

une comédie à la Feydeau, tout à fait réaliste, et tragique, de la vie des petites gens qui vivent dans les cataclysmes de l’histoire.
Le Mandat est la première pièce écrite par Nikolaï Erdman (1900-1970). Et elle s’inscrit dans une tradition capitale pour le théâtre russe, celui de la comédie du vide, inaugurée par Le Révizor de Gogol. Une comédie de l’absurde administratif, qui peint une société dans laquelle les hommes parlent une langue faite de lieux communs, de formules
toutes faites mal fagotées entre elle, qui ne connaissent comme véritable sentiment qu’un seul — la peur, et qui, toutes, tournent autour du vide